La Goillotte à cheval

La Goillotte à cheval Il y a 9 races de chevaux de trait en France, dont le Trait du nord… Moi c’est Luc Lescouarnec, c’est un nom breton, je travaille en traction animale depuis à peu près 20 ans. A l’origine, je travaillais en forêt et plus le temps avance, plus je travaille en vigne… Je viens en saison ici en Bourgogne, à Nuits Saint Georges, labourer des terres à l’aide de chevaux de traits. Combien de chevaux ? Moi en tout j’ai 4 chevaux, il faut toujours des chevaux de remplacement et en forêt on travaille toujours avec 2 ou 3 chevaux ensemble. Donc j’ai 4 chevaux opérationnels, non… 3 sont prêts et un en formation. Quelle différence de travailler en vigne ou en forêt pour le cheval ? C’est complètement différent. On va entrer dans la technique : les guides ne sont pas les mêmes. En vigne, j’ai 2 rennes et en forêt je n’en ai qu’une. En forêt je n’utilise que la main droite et suivant le geste que je fais, le cheval va aller à droite ou à gauche, et puis la traction n’est pas du tout la même car en forêt le cheval va tirer lourd – jusqu’à une tonne - sur une courte distance et après il va revenir et il va souffler en allant chercher un autre bout de bois. Alors qu’en vigne, contrairement à ce qu’on pourrait penser c’est plus physique pour lui. Si on n’y fait pas attention, si on ne lui f ait pas de pause, il va tirer tout le temps pas très lourd, maximum 120 kgs mais ça le fatigue énormément. Surtout si on prend des vignes en pente… A plat c’est plus facile. L’effort et le travail ne sont pas les mêmes. En vigne, un cheval qui a fait plusieurs saisons, il connaît le boulot, tu pourrais presque le laisser faire il ferait facilement avec l’habitude… Sam !... Hue ! Vous parlez au cheval ? Oui ! Moi je lui parle en Belge. Parce que j’ai été formé en Belgique et au débardage on travaille en groupe et des fois on est à 4 chevaux et il y en a un qui parle en français, l’autre en breton, l’autre en belge… donc on s’est mis d’accord d’utiliser les mêmes mots pour dire à droite, à gauche, etc. C’est pourquoi je lui parle Flamand exactement… C’est mots très courts qui conviennent. Sam ! Hue ! Quel est l’intérêt de la traction animale dans la vigne ? Ça empêche les tassements de sol et on désherbe donc ça évite des traitements… Sam ! Hue ! Est-ce que le cheval aime tirer ? Ç c’est à moi de lui faire aimer. Au départ je ne pense pas. Ce qui est primordial c’est que justement ce ne soit pas trop désagréable pour le cheval, comme pour moi. Là j’en ai qu’un seul car je ne fais qu’un passage, c’est exceptionnel. Normalement j’ai toujours 2 chevaux avec moi : un pour le matin, l’autre l’après-midi. Je ne les fait jamais travailler une journée entière pour pas qu’ils soient blasés, qu’ils traînent un peu, et dans mon comportement, si moi le matin je suis en colère, le cheval ne va pas être bien, si je suis énervé ou déprimé, il va le sentir direct, il ne va pas être bien non plus. C’est ça qui est intéressant… C’est à moi de travailler tout ça pour que ça se passe le mieux possible. Mais ça reste un travail, on n’est bien d’accord ! Être derrière les chevaux, je ne sais pas pourquoi j’ai toujours aimé cela. Etre en contact avec eux… Là mine de rien on est toujours en contact, et là ça le perturbe un peu de voir la caméra, il n’a pas l’habitude. Donc faut que fasse un peu gaffe pour pas qu’il se décale… Mais on est toujours en contact et quand on a une difficulté, souvent en forêt, et bien on crée encore plus le contact… Et c’est ça que je recherche avec les chevaux… Suivant les vignes, le ressenti dans le travail n’est pas du tout le même. Il y a des vignes qu’on apprécie plus, où c’est plus agréable devenir travailler… Quand je viens ici à La Goillotte, il y a un truc qui est différent, je ne sais pas d’où ça vient, un ressenti qui est différent des autres vignes, un moment que je vie qui est différent… dans le côté agréable bien sûr ! C’est comme ça…