La vingtième vendange de Muriel

Il me semble bien sous couvert de Patrick que c’est ma vingtième vendange cette année, donc je suis arrivée en 95, j’ai pris les pages jaunes un petit peu au hasard, je suis tombée sur ce domaine là, c’est le seul dans les pages jaunes qui cherche encore des vendangeurs et depuis je n’ai même pas cherché d’autres domaines. J’ai eu des expériences dans d’autres domaines dans le Sud, dans le Beaujolais, mais ici ça reste famille, c’est ma famille annuelle, ma thérapie souvent j’aime à dire. C’est un moment où je souffle, où on est tous les pieds dans la terre, y a pas de différence. Je travaille sur les quartiers, éducatrice sur les quartiers, et depuis peu je ne suis plus éducatrice mais toujours sur les quartiers pour monter des projets avec les collectivités locales. Donc un autre monde, un autre environnement. Les premiers souvenirs ? Henri ça ne faisait pas si longtemps qu’il avait repris le domaine du coup les premiers souvenirs c’est les vendanges un petit peu à l’ancienne, tous entassés dans le trafic, sans fenêtres, on savait pas trop où on allait, on se cognait dans les caisses, quelque chose de très convivial. Des petites équipes, je crois qu’on était trente, et puis le travail à Nuit St Georges, ça faisait petit domaine, c’est vrai que quand on voit maintenant il y a eu une évolution au niveau de l’équipe, au niveau de l’ambiance, mais bon on garde nos repères, on voit des belles choses. C’est une année où ils m’ont permis de bosser un peu en cuverie avec eux et c’est là que j’ai vraiment découvert le métier du vin parce que dans les vignes on vendange, on coupe du raisin, éventuellement on porte des caisses, mais c’est vrai que l’année où j’ai travaillé en cuverie, ça devait être la deuxième année, 96, ça reste un beau moment. Il y a eu juste deux années où je me suis dit « je ne sais pas si je vais revenir », quand j’avais pas besoin de faire les vendanges pour vivre, moi c’est vendange-plaisir, et ces deux années on a eu un épisode avec un chef dans les vignes où c’était pas terrible. Donc j’en garde pas un bon souvenir et je me suis quand même posé la question. Et avant sa troisième vendange on m’a dit qu’il était parti, je me suis dit « ça devrait le faire ». Cette année c’est une des plus belles années en terme de météo, en terme de cueillette, y a pas de tri à faire, c’est simple, y a une équipe qui tourne bien, le temps début septembre c’est une belle arrière saison, c’est une belle vendange. L’équipe restreinte du domaine c’est sympa parce que Berto et moi on est arrivés la même année en 95, Berto était apprenti, et au fil des années on découvre les gens puis on voit que le noyau est assez serré, là ça fait quelques années que ça bouge plus. Moi c’est plus Patrick qui a été… qui a une générosité, Henri y a des années où on passe des bons moments, des années où il est… je ne vais pas dire plus absent mais… Là cette année c’est une belle année avec Henri, Henri c’est un personnage, tout le monde le connaît. Pour moi c’est Patrick la stabilité au niveau du domaine, pour moi c’est lui qui représente le pilier au niveau du domaine. Yannick j’apprends à le connaître au fil des années, ça doit faire 7-8 ans qu’il est là ? Je ne sais pas. Et puis on se voit moins puisqu’il est en cuverie, et que je suis plutôt à l’extérieur, on s’apprécie, on se connaît, c’est quelqu’un qui je pense fait un magnifique travail au domaine, mais mes deux piliers c’est Patrick et le polonais Christophe, voilà, ils étaient là avant ils sont encore là aujourd’hui donc c’est mes repères. Les enfants qui grandissent, Christelle, qui manque un peu à l’appel cette année mais bon, qu’on portait dans les caisses quand elle était gamine tout ça, enfin voilà, on avance !