L’administration des vendanges

L’organisation des vendanges ça commence au mois de juin. Au mois de juin on fait un courrier en écrivant à tous les vendangeurs de l’année précédente qui nous ont parfaitement convenu. On leur envoie un petit papier avec un coupon à découper, et ils nous le renvoie s’ils peuvent participer ou non aux vendanges. Alors à ce moment là c’est un peu compliqué parce qu’on est obligés de donner une fourchette de dates, et c’est difficile, on compte 100 jours à partir de la fleur mais par exemple cette année c’est un peu raté, on a fait peut être que 95 jours, enfin on envoie ce courrier ils nous répondent et on a notre base de vendangeurs pour l’année qui arrive. Après on passe une série d’annonces dans le Bien Publique qui est le journal de la région, on fait 5 ou 6 publications, ça revient régulièrement, avec un numéro de téléphone et une adresse mail dédiés aux vendanges. Là par exemple ce petit téléphone quand il sonne je sais que c’est un vendangeur. Et je leur demande à tous quand ils appellent une photocopie de carte d’identité, une photocopie de carte vitale, une adresse et un numéro de téléphone. Quand on a la date, en général c’est 24-48h avant, on prend le répertoire téléphonique et puis on appelle tout le monde. Pour donner un exemple cette année on a dû appeler une centaine de personnes, 90 ont répondu positivement, mais il n’y en a que 70 qui sont venus. La veille ils nous ont dit qu’ils venaient, le lendemain ils ne sont pas au bus. Mais ça c’est les aléas des vendanges disons, c’est tous les ans pareil. Au niveau administratif c’est devenu par contre beaucoup plus lourd, la MSA qui est la sécurité sociale des agriculteurs a demandé que tout soit déclaré dans son ensemble, avant un simple fax avec les noms et numéros de sécurité sociale suffisait, maintenant il faut une déclaration très officielle que Catherine qui est là a bien voulu faire. Moi je ne voulait pas la faire, parce que je saisi également tout ça sur un logiciel dédié aux vendanges. Et puis après ma foi c’est le train-train, pendant les vendanges tous les matins au bus : l’appel, et puis on attend que ça se passe, cette année c’est exceptionnel on est jamais allés aussi vite, et le dernier jour est le pire pour nous parce qu’ils vont finir certainement en début d’après midi et le soir on doit avoir fait, avec l’équipe de cuverie plus les vignes, à peu près 80 payes, sachant que chaque « paye » est faite de 9 documents différents, qu’on devra faire signer à chacun, faire les chèques etc etc… Des vendangeurs proprement dit, les coupeurs et porteurs qui sont à la vigne, cette année on a une petite équipe on en a que 50, je ne te compte pas les chauffeurs, il y en a 3, et puis il y a notre équipe, l’équipe du domaine, celle qui est là toute l’année, qui eux aux vignes sont au moins 5-6. Cette année il y en a beaucoup plus qui voulaient venir mais la précocité de la vendange a fait qu’ils n’ont pas pu venir. Il y en a beaucoup qui font les vendanges mais pas que chez nous, c’est à dire qu’ils commencent en Beaujolais, et puis ils montent vers le Nord petit à petit. Là il y a eu un télescopage entre les régions et les dates de vendanges et on a beaucoup de gens qui n’ont pas pu venir à cause de ça. Il y a aussi ceux qui avaient posé les congés à partir du 10 qui était la date de départ et qui ne les ont pas eu pour le 3, donc qui n’ont pas pu venir, on en a quelques uns comme ça. Mais dans l’ensemble les gens reviennent volontiers, il y a un petit groupe d’une trentaine qui revient chaque année. C’est le smic, pour un coupeur, et le smic et 10 centimes de plus je crois pour un porteur. Nous on ne fait pas de prime paniers parce qu’on les nourris le midi, on leur offre le repas donc il n’y a pas de prime paniers à faire, on a de la chance, pour moi en tout cas, qu’il n’y ait pas de logement parce que c’est beaucoup plus compliqué. Pour la cuisine, on a la notre au domaine, où les plats sont préparés sur place donc, tout se fait sur place. On a des personnes spécialement dédiées à la cuisine et qui s’occupent de tout ça. Et qui nous font aussi le repas du soir, parce qu’il y a le repas du midi pour les vendangeurs mais aussi le repas du soir pour toute l’équipe parce que le travail ne s’arrête pas à la fin de la coupe. Et ça dure jusqu’à la fin de la vinification, ça dure entre un mois et un mois et demi en tout. Mais c’est des petites équipes pendant la vinification, quand on est 15 personnes à manger c’est bien, alors que pendant les vendanges une fois qu’on a mélangé la vigne, le tri et nous, on est un peu plus de 100 personnes à manger chaque midi. Alors une fois qu’on a recruté le personnel et une fois qu’on sait comment on va les faire manger, pour nous le travail est déjà beaucoup plus simple, par contre arrive le travail du « comptage » des caisses de vendanges et d’une estimation de ce qu’on récolte. Parce qu’à la vigne ils nous envoient des caisses qui arrivent par camion très régulièrement à la cuverie. Ces caisses sont pesées, plus exactement là moitié, c’est à dire un petit camion de 24 caisses on va peser 12 caisses. C’est noté sur un papier avec l’heure et tout ce qu’il faut. Ca se présente sous cette forme, par exemple il s’agit de la Goillotte, vous avez l’heure, le nombre de caisses et le poids de la moitié des caisses, ce qui nous permet de faire une moyenne par caisses, multiplié par le nombre de caisses et on a un poids à chaque heure. Avec ce poids à chaque heure on fait une feuille comme ça avec l’heure, le poids, le nombre de caisses, et l’estimation ici, j’enlève la tare de la caisse, car une caisse ça pèse quand même 3,5kg ce n’est pas rien sur le total, et à la fin on saura que pour les Goillotte cette année on a fait 146 caisses pour un poids net de 2200kg. Après on applique un rapport poids-jus, ça nous donne la tendance et ça permet à Yannick de commander plus ou moins de fût, c’est surtout une tendance pour savoir si on est plus sur 70 ou 100 fûts. Et puis ça fait très plaisir à Laurent chaque jour de savoir combien il a récolté de caisses. C’est ça grande satisfaction. Ca c’est un vendangeur, je vais lui dire qu’on a fini. -Allô ? Oui bonjour. Ah je suis désolé on a quasiment fini demain. Voilà. Je vous en prie, au revoir !