Repiquages d’automne 2015

-T’as eu des nouvelles de Nico ? - Il m’a envoyé ce matin une photo des Hautes Maizières, c’est très bien ! Dès la fin des vendanges, on va aller faire les trous dans les vignes, c’est à dire qu’on va aller arracher les ceps qui sont morts. On le fait immédiatement après les vendanges parce qu’on a encore les feuilles de présente donc ça va nous permettre de voir l’état sanitaire des ceps et de repérer très facilement les ceps morts n’ayant déjà plus de feuilles. Voilà en quoi ça consiste : on fait un trou à la tarière, là ces trous on étés faits mi septembre, et on est début décembre, donc on va venir placer la greffe dans le trou, reboucher et mettre deux jalons de part et d’autre de cette greffe afin de protéger la greffe des outils mécaniques lorsqu’on va venir labourer les sols. On est début décembre et c’est à cette période que j’aime bien qu’on refasse les repiquages. Donc c’est vrai qu’il y a deux approches différentes pour les plantations, soit on travaille par co-plantation, c’est à dire que tous les ans on va arracher les ceps qui sont morts ou les ceps non productifs pour pouvoir les remplacer par des nouveaux ceps, soit on va attendre que la vigne arrive à une production qui n’a plus de rentabilité économique, on arrache l’ensemble de la parcelle et on replante toute la parcelle. Au domaine aujourd’hui on a 14 hectares, ça représente environs 150 000 pieds de vignes et on va en remplacer à peu près 2000 par an, soit environs 1,5% par an. Rare exception mais on a eu en 2009 une gelée noir en décembre, sur une parcelle à Vosne Romanée, dans le vin qu’on appelle Vosne Romanée les Clous, qui nous a obligé cette fois-ci à arracher la parcelle, donc on a arraché la parcelle en décembre 2011 et on va replanter l’ensemble de la parcelle après un repos des sols de 5 ans, donc on va la replanter en 2016. Voilà, après cette rare exception près on préférera la co-plantation tous les ans. Donc une greffe c’est composé de deux parties, on a le porte-greffe qui va aller en terre et qui va représenter le système racinaire, et on a le greffon au dessus qui représentera la partie aérienne du plan et la partie productrice de raisin. Autour de ce système racinaire, autour du porte-greffe, on a une espèce de terreau et aujourd’hui on travaille avec des vignes qui sont mycorhizées, donc mycorhize c’est un petit champignon qui se développe sur le système racinaire et qui va permettre aux racines de fouiller de façon plus pertinente les sols et de mieux absorber les éléments et les nutriments présents dans le sol. Le seul apport c’est le terreau, livré par le pépiniériste, et le fait que ce soit des préparations mycorhizées, c’est la seule préparation mais il n’y a pas d’engrais à rajouter dessus. Au moment où on plante les greffes on a décidé d’orienter le bourgeon de la greffe, alors bon arbitrairement on a décidé que tous les bourgeons regarderaient la montagne, l’idée c’est que tout simplement on puisse faire pousser les baguettes dans le même sens. Et lorsqu’on taille on essaye toujours de pouvoir plier les baguettes dans le même sens afin qu’on n’ait pas d’enchevêtrement de végétation entre deux ceps côte à côte. Donc là on voit là baguette qui est dans ce sens là, le cep d’à côté la baguette qui est attachée dans le même sens, donc on voit bien les deux ceps indépendants, on ne va pas avoir d’enchevêtrement de végétation donc ce sont des pieds qui vont être bien aérés et qui auront plus de chance d’être à l’abris de la moisissure et ce genre de climat mauvais pour la qualité sanitaire des raisins. Donc voilà une greffe qu’on vient de mettre en terre, l’œil qu’on a gardé, qui va débourrer au printemps prochain, on a décidé de tous les orienter avec l’œil qui regarde la montagne. Après il ne faut pas perdre de vue que la vigne ça reste du végétal alors il y a la théorie, ce que je viens d’expliquer, il y a ce qu’on aimerait que la vigne fasse, c’est à dire pousser dans le bon sens, et après il y a ce qu’elle aura bien envie de faire, la réalité sur le terrain, qui est souvent bien différente.