On vient de terminer les vendanges et les vinifications. Que dire de cette année assez rare et très demandeuse, je dirais : un millésime de souffrance. On a enchaîné une année sur la pluie, depuis le mois de janvier jusqu’aux vendanges et vinification, une méteo capricieuse et à la fin on se retrouve avec un millésime historiquement pauvre en volume. Les vieux disent que les années en 4 en Bourgogne sont toujours très compliquées, mais là c’est la pire des années en 4 que le domaine ait connue. On finit avec des rendements assez ridicules… Une année compliquée, c’est une année à tri donc un super boulot a été fait dans les vignes, comme chaque année mais cette année encore plus, encore plus de travail… et un gros travail de peaufinage en cuverie. Car dans une année comme ça on a besoin d’avoir la qualité maximale pour pouvoir accomplir la transformation entre le terroir et le vin. Malheureusement, pour la première fois dans l’histoire du domaine on ne produit pas certaines parcelles : on n’aura pas le Clos des Argillières, on aura pas les Hautes-Mézières, et on n’aura pas les Côteaux bourguignons pinot… Cela confirme l’année terrible qu’on a connue. Au niveau cuverie ça a été une année compliquée aussi car malheureusement, comparée à l’année 2023, il y avait tellement peu de cuves à traiter que je n’ai pas eu besoin de beaucoup de monde pour travailler, et c’est toujours triste quand on est une équipe et qu’on ne peut pas tous mettre les pieds dans les raisins et vivre la cuverie comme on a l’habitude de la vivre... C’était un millésime triste pour moi parce que j’ai dû demander à mes gars de faire autre chose au lieu de piger des raisins. Rien que de le dire cela m’a coûté et je voyais la tristesse dans les yeux de mes gars car on attend toute l’année l’ivresse des vendanges et cette année on peut dire qu’on n’était plutôt à l’eau… C’est un millésime qui ressemble à 2021 dans les plus récents, bien qu’il y avait plus de volume en 2021 qui était déjà une année très pauvre. C’est un millésime qui comme 2021 est très bourguignon avec des tout petits degrés, on finit à 11 ou 11 et demi, le genre de vins que l’on produisait il y a 20 à 25 ans… Ce n’est pas fini encore, mais on produira des vins de qualité du style des Bourgogne d’antan. Les degrés, ce n’est pas un gros souci. Des petits degrés, cela exalte le terroir, ça donne une vivacité, une vibration au pinot qu’on n’a pas souvent quand on a des millésime très solaires, et… Je me souviens par exemple le Clos de Vougeot 2011 où, du fait que nous ne chaptalisons pas, on avait 0,25° d’alcool en moins que ce que demande l’appellation Clos de Vougeot, on a donc déclassé notre Clos de Vougeot en Vougeot premier cru et je crois que c’est un des plus beaux Vougeot qu’on ait jamais produit ! Donc je suis très confiant pour ce millésime et j’espère quand même puisqu’on dit que les années en 5 sont plus généreuses que les années en 4, que le dicton des Vieux Vignerons sera confirmé et qu’on pourra tourner la page et essayer toujours de faire mieux dans l’espoir que ce sera un millésime plus généreux.