Yannick Champ évoque le millésime 2017

Le Millésime 2017 est un millésime avec pas mal de rebondissements. On a commencé avec beaucoup d’inquiétude puisqu’on a eu des menaces de gelées de printemps comme on avait eu en 2016 qui avait été assez catastrophique car on avait perdu 70% de la récolte. Donc quand on a eu les alertes gelée à ce printemps 2017, on a craint que ça recommence. Mais il y a eu une grande solidarité qui s’est mise en place chez les vignerons de Côte d’Or qui étaient potentiellement sujets aux gelées et pendant trois matins consécutifs ils se sont retrouvés vers 4h pour allumer des feux de paille et faire un écran de fumée afin que les rayons au lever du soleil ne viennent pas brûler les jeunes pousses. Ça a très bien fonctionné puisque la Côte d’Or est un des rares vignobles cette année en France à avoir été épargné par les gelées et la grêle. Il faut préciser que ça a marché parce qu’on a eu des gelées relativement faibles et si on avait eu des gelées matinales de moins six ou moins sept on aurait été touché de la même façon que les autres. En tout cas c’était une première en Côte d’Or de voir cette solidarité entre vignerons… Suite à ça, on a eu une saison historiquement faible en termes de maladies. Moi, en tout cas, depuis 2002 que je suis au domaine, je n’ai jamais connu un millésime aussi sain et je crois que c’est le millésime le plus sain qu’on ait eu depuis des décennies. Ce qui laissait pensé qu’on avait une belle récolte à venir, et on a vendangé la première parcelle des Ladoix blancs le 1er septembre qui nous ont fait une belle surprise et on s’est dit que si c’était comme ça sur toute la vendange on allait faire un joli millésime. Ça s’est confirmé quand on a attaqué les rouges à partir du 5 septembre car parcelle après parcelle on est allé de belle surprise en belle surprise. Au moment où je vous parle on a pas fini les décuvages mais les premiers résultats de presse sont assez encourageants car bien que les quantités de raisins rentrées étaient assez satisfaisantes il restait l’inconnue du rapport poids/jus. Sachant que cette année on a eu 5 épisodes de canicule ce qui se traduit dans le vignoble par des raisins qui ont dû se défendre et qui ont produit des peaux très épaisses, l’inconnue était de savoir si au moment du pressage on allait sortir beaucoup de jus ou très peu. Aujourd’hui les premiers résultats de presses sont bons, au delà de mes espérances, et c’est une bonne nouvelle donc on fera un millésime assez généreux et a priori très qualitatif les premiers jus que je goûte, avec des tanins très doux, un joli fruit, des très belles couleurs… C’est très encourageant et au cul du pressoir, le jus que je goûte me font penser à 2007, ce qui est très paradoxal parce que 2007 était un millésime complètement différent. On avait commencé par une très grosse canicule au mois d’avril, on avait eu un été assez frais, les degrés d’alcool étaient plutôt de l’ordre de treize, treize et demi alors que là on va plutôt être de l’ordre de douze, entre onze et demi et douze et demi avec une majorité aux alentours de douze, donc vraiment un profil très différent en termes d’analyse, et pourtant les jus me font penser à 2007, ce qui est difficile à expliquer, je ne sais pas l’expliquer, c’est du ressenti, un feeling qui me rend enthousiaste car 2007 est un très joli millésime et si on peut se rapprocher de ce genre de jus j’en suis ravi. Et l’équipe, ça a été une grosse une petite équipe, cette année ? Cette année on a eu beaucoup de mal, je ne sais pas pourquoi, ce n’est pas seulement le domaine Prieuré Roch, il y avait une pénurie de vendangeurs et une surenchère entre les domaines qui proposaient de payer plus ou des avantages pour voler les vendangeurs chez les uns ou les autres, donc ça a été assez compliqué et au final on s’est retrouvé avec une équipe restreinte mais d’une efficacité exceptionnelle et on a les noms donc c’est des gens que l’on va rappeler avec grand plaisir parce qu’ils ont abattu un travail en tant que coupeurs et trieurs que je n’avait jamais vu. Un rendement formidable donc le nombre ne fait pas tout et la qualité optimum, comme on la recherche au domaine, était au rendez-vous. Ce millésime, c’est aussi l’inauguration de la nouvelle cave du domaine ? Oui. On a la chance et le plaisir de pouvoir utiliser notre nouvelle cave du nouveau bâtiment de Prémeaux dans laquelle on va mettre une partie des fûts de la récolte 2017, ce qui est très excitant car la cave est sublime, creusée à même la roche avec une hygrométrie et une température qui me paraissent parfaites, ce qu’on va essayer de valider. On a partagé la récolte entre l’ancienne cave et la nouvelle afin de voir comment chacun des vins évolue dans une cave et dans l’autre pour ensuite faire des réglages ou peut-être décider de faire vieillir tel vin dans telle cave et tel autre dans l’autre. C’est quelque chose de très excitant d’essayer ce nouveau jouet !...