Yannick Champ évoque le millésime 2019

Pour moi quand tu me demandes comment était le millésime, la première chose qui me vient en tête c’est que c’était le premier millésime sans Henry. C’était très challenging, émotionnellement très fort pour toute l’équipe mais on avait encore plus envie de bien faire… On avait vraiment à cœur de faire un grand millésime. On a été aidé par les conditions météo car 2019 est une année où il n’y a pas eu d’eau. Il y a des bons côtés et des mauvais : les bons c’est que l’on n’a pas eu de pression de maladie ou très peu, l’année a été très cool à ce niveau-là, on n’a pas eu de soucis. Mais l’inconvénient majeur d’une année sèche c’est qu’on avait pas de jus. Donc on a fait moins 15% sur les quantités de raisin, ce qui s’est traduit par des vendanges qui ont duré 6 jours… Aujourd’hui on 16 hectares au Domaine et vendanger 16 hectares en 6 jours, pour nous c’était du jamais vu. Les raisons sont qu’il y avait peu de raisin et que les raisins étaient sains, il n’y avait quasiment pas de tri à faire. De plus on a eu de très bonnes conditions meteo pendant les vendanges si bien que les vendangeurs courraient dans les vignes… L’inconvénient c’est moins de raisin et surtout la mauvaise surprise du millésime est venue au moment où on a pressé, ce que l’on pressentait vu la taille des grains, à la sortie du pressoir, il manquait du jus… Au final, en moyenne on doit faire à peu près moins 30% sur ce millésime mais il est extrêmement qualitatif. C’est une grosse satisfaction pour le Domaine. Naturellement ce fut une année à millerands (petits grains)… Effectivement une année à millerands ! Pas les vrais millerands que l’on recherche dans le Clos de Corvées mais des raisins qui s’apparentaient, de toutes petites billes avec très peu de jus mais des belles maturités, bien concentrés, ce qui fera des vins très différents de 2018 qui était un millésime solaire également mais on n’a pas eu des canicules sur 2019 et donc les degrés sont moindres. En 2018 on a des vins qui sont montés à 15° et demi ce qui n’est pas le cas sur 2019 donc on aura un peu plus de fraîcheur peut-être, mais c’est difficile d’en parler alors qu’on est début février, les vins n’ont que 3 ou 4 mois de barrique. Ce qu’on goûte pour le moment est plutôt très joli mais il reste un an et demi d’élevage encore à faire… Et au niveau des nouvelles parcelles ? Je dirais qu’il y avait une certaine homogénéité de toutes nos parcelles. C’est assez rare pour le souligner, mais il y avait une telle homogénéité dans la météo… On a souvent des disparités d’une année sur l’autre : en 2018 par exemple on a grêlé 2 fois sur la commune de Prémeaux donc on avait les 6 hectares de Nuits Saint Georges 1er cru, Clos des Corvées et Clos des Argilières, qui avaient été impactés donc on avait des quantité et des qualités de vendanges très différentes. Sur 2019 tout a été ensoleillé de la même façon, on a pas eu une pluviométrie différente sur un village ou un autre donc tout était très homogène, tout se ressemblait d’apparence physique évidemment… Donc très homogène et très qualitatif. Savigny seul était un peu particulier cette année parce qu’on a fait une taille assez courte vu qu’on a récupéré cette parcelle seulement en 2018 et qu’il faut qu’elle refasse un peu de bois, ce pour quoi on a taillé très court, et on a fait des rendements vraiment ridicules sur ce millésime. Une fois de plus la sècheresse a accentué les choses mais quand on a repris la vigne, on savait qu’on allait avoir 2 ou 3 années et peut-être plus, de restructuration du matériel végétal ce qui passe nécessairement par des baisses de rendement. L’optique étant d’augmenter la qualité d’ici quelques années. En 2019, sur Savigny blanc on a fait une pièce… mais ce qu’on goûte a un potentiel vraiment énorme donc on a plein d’espoir pour que les prochains millésime où l’on aura un peu plus de production, on pourra diffuser ce vin de façon un peu plus large et on est très excité à cette idée-là… Un petit mot sur la maison et le chantier ? Les travaux avancent bien. On espère avoir le bâtiment en cette fin d’année 2020. Pour mémoire on a commencé les travaux en novembre 2013 donc ça fera 7 an en novembre 2020. C’est une belle tranche de la vie du Domaine et on est très heureux de ce qui est en train de se mettre en place. Les niveaux sont livrés les uns après les autres, j’espère qu’on pourra emménager les bureaux cet été pour être dans le bâtiment pour les vendanges 2020 puis rendre possession du bâtiment entier en fin d’année pour j’espère une belle inauguration et une belle fête avec nos clients, nos importateurs, nos agents, tous les amis du Domaine, j’espère en fin d’année…